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Finance éthique Archives - Page 3 sur 3 - Finances éthiques et alternatives

Fiche de lecture : finance éthique, le grand malentendu, de Gaëtan Mortier (3)

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Voici la troisième partie de la fiche de lecture sur « Finance éthique, le grand malentendu » de Gaëtan Mortier. La première partie est disponible ici et la deuxième ici. Nous vous proposons une fiche de lecture en plusieurs parties, le contenu étant relativement long. Une fiche de lecture au format pdf sera proposée via la newsletter à la fin du mois, avec la revue de presse mensuelle.

Ce livre a été publié en 2013 dans la collection « Stimulo » par les éditions FYP, en collaboration avec l’Ecole ISG (Ionis Group). (Information : ce livre a été offert par Ionis Group)

Deuxième chapitre

Le deuxième chapitre s’intitule « ISR : Le grand malentendu » et constitue le cœur de la critique de l’ouvrage.

La première critique porte sur la méthodologie de Novethic, principal label en France (deux articles sur la question des labels ISR ont été recensés dans la revue de presse de septembre). En effet, Novethic décerne ce label si le fonds publie les informations de manière transparente, mais pas si le fonds exclut les entreprises polluantes. On peut donc être labellisé et financer des entreprises polluantes, du moment qu’on le dit dans son rapport.

Deuxièmement, les fonds ISR sont accusés de greenwashing, c’est-à-dire de publicité mensongère. En effet :

  • ils contiennent beaucoup d’actions de pétroliers et d’entreprises polluantes
  • Ils ont des compositions quasiment identiques aux fonds classiques (présence de la plupart des entreprises du CAC 40)
  • Les fonds ISR monétaires (placement à très court terme) sont surtout utilisés par les banques pour se financer à court-terme. Or celles-ci manipulent les taux interbancaires (voir les affaires LIBOR notamment) et ont une empreinte carbone indirecte importante.

Les acteurs sont incohérents : comment peut-on avoir d’une part des investissements ISR (socialement responsables, donc) et d’autre part des actifs non ISR ? C’est considéré que ceux-ci sont non socialement responsables, ce qui n’est jamais assumé par ces acteurs. Pour un investisseur, la démarche ISR doit donc s’appliquer à tous ses actifs

Troisièmement, les agences de notation sociale sont des « évaluateurs peu regardants ».

  • D’abord, parce que les agences de notation sont désormais aux mains des grands acteurs des services financiers, comme Morgan Stanley, qui détient la plus grande. Si les premières agences ont été créées par des milieux engagés (en partie religieux, comme KLD aux Etats-Unis ou Sœur Nicole Reille en France), elles ont été absorbées ou dépassées par la deuxième génération, appuyée par le patronat comme Vigeo en France, où les grands groupes du CAC 40, notés par cette agence, sont également actionnaires.
  • Or ces acteurs sont intéressés par la rentabilité plus que par la qualité des notations. Ainsi, la présence syndicale, au niveau de la notation sociale, est considérée comme un risque. Ryanair, en quittant la France, a vu son risque de grève diminuer, et sa note sociale progresser.

Quatrièmement, les agences ont fabriqué un « mythe de l’éthique rentable », pour valoriser leurs services mais aussi car cela permettait de véhiculer une idéologie d’un marché harmonieux pour les intérêts privés comme publics. En montrant que le marché intègre les contraintes éthiques de lui-même, il n’y a pas lieu de le réguler. Par conséquent, les autres formes de finance éthique, comme l’activisme actionnarial, qui vise à prendre des actions pour porter des résolutions en assemblée générale et changer les politiques des entreprises, ont été moins mis en avant.

De manière plus générale, les entreprises, avec l’aide de la Commission Européenne, ont entrepris un « lobbying de la RSE » allant dans le sens des initiatives volontaires des entreprises. Le thème a d’ailleurs été rattaché à la Direction de l’Industrie, marquant son lien avec les politiques de soutien aux entreprises plutôt que de contrôle. Cela s’est accompagné de politiques de greenwashing à grande échelle. Cette stratégie cherchait à éviter la négociation, politique, impliquant la confrontation des intérêts publics et privés, et les revendications des syndicats et des mouvements de citoyens en faveur de l’environnement ou de meilleures conditions de travail, pouvant déboucher sur de nouvelles régulations.

Face à ce dévoiement de l’ISR et de la RSE, il faut acter l’échec de cette voie d’auto-régulation qui n’aboutit pas à des résultats favorables pour la société et l’environnement, et en repasser par les citoyens et le système politique pour réguler.

Commentaires sur la deuxième partie

Cette partie, cœur de l’ouvrage, est convaincante, fondée sur de nombreux arguments, faits et exemples. Gaëtan Mortier, qui a travaillé longtemps dans le secteur,  offre une vision synthétique et claire du secteur de l’ISR. Là encore, même si le style de l’ouvrage ne s’y prête pas, on aurait voulu en savoir plus sur les principaux arguments adverses, afin d’avoir une vue plus complète et équilibrée.

La suite de la fiche de lecture est disponible ici.

Fiche de lecture : finance éthique, le grand malentendu, de Gaëtan Mortier (2)

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Voici la deuxième partie de la fiche de lecture sur « Finance éthique, le grand malentendu » de Gaëtan Mortier. La première partie est disponible ici. Nous vous proposons une fiche de lecture en plusieurs parties, le contenu étant relativement long. Une fiche de lecture au format pdf sera proposée via la newsletter à la fin du mois, avec la revue de presse mensuelle.

Ce livre a été publié en 2013 dans la collection « Stimulo » par les éditions FYP, en collaboration avec l’Ecole ISG (Ionis Group). (Information : ce livre a été offert par Ionis Group)

Premier chapitre

La première sous-partie est intitulée « les origines de la finance éthique ». Gaëtan Mortier entreprend d’analyser d’abord la finance classique avant de s’intéresser à la finance éthique. La première sous-partie concerne la « finance et les systèmes de pensée ». Après un passage sur l’usure (passage de l’interdiction à la tolérance sur les prêts à intérêts au XVIème siècle suite à la Réforme), Gaëtan Mortier réalise un résumé très succinct sur quelques courants de pensée majeurs en économie : mercantilisme, physiocrates, théorie économique classique (A. Smith), critique de l’école classique, utilitarisme et libre-échange.

La deuxième sous-partie (intitulée « La libéralisation des marchés financiers ») continue ce cheminement en se concentrant sur la période des dernières décennies. Gaëtan Mortier soutient que la libéralisation des marchés financiers est intervenue suite aux succès des thèses de l’école de Chicago dans les pays développés. La dérégulation a été également exportée via le FMI et ses plans d’ajustement structurels. Cette dérégulation internationale s’est accompagnée d’une prise de pouvoir d’actionnaires financiers, dont l’objectif est la maximisation de leur gain, contrairement à un objectif industriel dans le capitalisme « fordien », composé d’actionnaires « entrepreneurs ». Cette activité financière génère de nombreuses externalités négatives, dont la spéculation. Il faut également noter que les banques ont une empreinte carbone indirecte, calculée par Stanislas Dupré, si l’on prend en compte les activités financées par celles-ci au lieu de financer la transition écologique par exemple. Si les activités polluantes se développent, c’est parce que les banques le choisissent.

La troisième sous-partie s’appelle « Spéculations et crises financières : la fin d’un modèle ». Gaëtan Mortier continue ses explications sur les dérives de la finance en examinant les cas de la titrisation, les règles de solvabilité des banques puis la rente bancaire liée au phénomène du « too big too fail ». Ainsi, les dirigeants des groupes bancaires prennent des risques excessifs car ils gagneront si leurs paris réussissent et qu’ils seront sauvés par les contribuables s’ils perdent. Après avoir décrit ces différents problèmes, Gaëtan Mortier se pose donc la question : la finance éthique peut-elle répondre à ces enjeux?

La dernière sous-partie aborde donc la finance éthique en elle-même (« Les formes de finance éthique »). Gaëtan Mortier propose une définition d’éthique. Ethos, en grec, désigne les habitudes et manière d’être d’une personne. La philosophie éthique répond elle à la question : comment agir au mieux, en fonction de ses propres valeurs? Le sens commun donne un sens personnel à l’éthique (mes valeurs) et collectif à la morale (les règles, la religion). Gaëtan Mortier précise ici qu’il retient cette dernière définition. Toutes les formes d’éthique ont des points communs comme la règle d’or : ne pas faire à autrui ce que l’on n’aimerait pas qu’il nous fasse.

Gaëtan Mortier décrit ensuite 3 grandes formes de finance éthique :

  • L’activisme actionnarial : user de son pouvoir d’actionnaire pour faire changer les choses
    • Pendant la guerre du Vietnam, le courant pacifiste aux Etats-Unis a boycotté Dow Chemical et Monsanto qui produisaient des armes chimiques
    • Un des premiers fonds d’investissement éthique (le South Africa Safe Equity) apparaît dans les années 80, en réaction à l’apartheid en Afrique du Sud
    • La finance islamique, qui encadre notamment l’usure, interdit l’alcool et limite le taux de profit en n’investissant pas dans les entreprises trop endettées.
    • L’Investissement Socialement Responsable
      • A l’origine, des mouvements protestants et quakers, au début du XXème, qui créent des fonds d’exclusions pour ne pas que leur argent finance des activités qu’ils jugent non conformes à leurs valeurs.
      • Le véritable déploiement de l’ISR s’est fait grâce au concept de développement durable dans les années 80 (World Wide Fund : Stratégie mondiale de la conservation, et sommet de Rio en 1992). La vision de R. Coase, affirmant que le marché est le meilleur outil pour régler les externalités, est choisie : c’est via une notation des entreprises sur des critères non financiers que l’on pourra aboutir à un système efficace pour créer un développement durable.

Commentaires sur le premier chapitre

Le résumé des dernières décennies offre une vision très marquée mais offre assez peu d’arguments. On suit le discours mais sans être convaincu, car celui-ci enchaîne des affirmations attribuant des responsabilités à des grands processus (libéralisation, déréglementation, etc.), et sans confronter les arguments de la ou des parties adverses. Cela est évidemment lié au style du livre, court et donnant une prise de position, mais cela reste dommage lorsqu’il s’agit de l’évolution de nos sociétés et de l’économie depuis plus de 30 ans.

Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’histoire de la finance éthique proposée ici. Elle démarre en effet dans les années 70 (avec des origines au début du XXème siècle). Or cela laisse croire que la finance était auparavant un domaine réservé aux financiers, sans aucune intention autre que de maximiser le profit.

De nombreux ouvrages, comme celui de K. Polanyi (La Grande Transformation), montrent que l’économie a la plupart du temps été encastrée dans la société, et souvent subordonnée à d’autres objectifs, politiques, sociaux, culturels, religieux. L’interdiction du prêt à intérêt pendant plus de 15 siècles, par exemple, montre bien cette subordination de la finance sous des valeurs définies dans la société. C’est donc au contraire depuis relativement peu de temps que la finance s’est érigée en domaine indépendant, et orientée vers le profit pur et l’amoralité (c’est-à-dire aucune considération morale dans ses choix, que ce soit de faire le mal ou le bien). La finance éthique, au sens où il existe des motivations autres que le profit et l’intérêt individuel derrière les transactions, est donc bien plus ancienne. Il vaudrait donc sans doute parler de finance éthique moderne si l’on souhaite désigner les pratiques décrites dans le livre.

La suite de la fiche de lecture est disponible ici.

Fiche de lecture : finance éthique, le grand malentendu, de Gaëtan Mortier (1)

By | Fiche de lecture

Couv-Stimulo

Ce livre a été publié en 2013 dans la collection « Stimulo » par les éditions FYP, en collaboration avec l’Ecole ISG (Ionis Group). (Information : ce livre a été offert par Ionis Group)

L’auteur, Gaëtan Mortier, a été un analyste ISR reconnu dans une des principales agences de notation ISR américaines, d’où il a démissionné récemment. Il mène une action militante au sein de plusieurs collectifs : Sauvons les Riches, Génération Précaire, Jeudi noir, et est membre du conseil de surveillance de la Fondation pour l’écologie politique.

Nous vous proposons une fiche de lecture en plusieurs parties, le contenu étant relativement long. Une fiche de lecture au format pdf sera proposée via la newsletter à la fin du mois, avec la revue de presse mensuelle.

Résumé du livre

Introduction

L’Investissement Socialement Responsable est la forme actuelle occidentale de la finance éthique (le livre ne traite que de la forme occidentale) Il regroupe l’ensemble des initiatives en faveur de nouveaux produits financiers plus responsables :

  • Indices « verts »
  • Agences de notation « sociales »
  • Produits d’épargne « durables »

Ces initiatives ont germé depuis 20 ans et visent à appliquer les principes du développement durable aux marchés de capitaux (actions, obligations, monétaire). Cette forme de finance éthique est d’abord un échec car elle n’offre pas d’alternative crédible aux dérives de la spéculation et de la cupidité de systèmes bancaires hors-sol.

Surtout, elle provoque un « grand malentendu » car elle a été utilisée à des fins marketing par les banques, agences de notation et investisseurs pour légitimer leur activité traditionnelle de spéculation qui génère pauvreté et précarité.

Le système financier libéralisé, destructeur de l’environnement et des sociétés, a donc poursuivi son chemin sans être inquiété par le phénomène de la finance éthique. On constate ainsi :

Environ 20% des investissements sont destinés à l’économie réelle. Le reste est majoritairement orienté vers la spéculation, qui a provoqué les grandes crises de ce siècle. Une occasion unique de réforme est passée lors de la crise de 2008, mais les plans de sauvetage des banques (4 500 Milliards d’Euros), qui comprenaient l’adoption de mesures règlementaires plus fortes en échange, n’ont pas été mis en œuvre. La dette issue de cette crise conduit aujourd’hui à l’austérité.

L’introduction se termine en précisant que le livre s’adresse au citoyen, qui est le premier acteur du changement.

Commentaires sur l’introduction

La définition de la finance éthique donnée par Gaëtan Mortier est floue. L’ISR et la Finance éthique ne sont pas définis par des critères qui les délimitent d’autres activités financières ou par des pratiques qui les distinguent.

Le titre du deuxième chapitre, « ISR : le grand malentendu », réduit la Finance éthique à l’ISR. Cette réduction s’explique sans doute parce que Gaëtan Mortier a lui-même travaillé essentiellement dans le domaine de l’ISR. Or la finance éthique, du moins telle que nous la définissons dans ce blog, est plus large que l’ISR.

  • D’abord parce que l’ISR ne comprend pas de nombreuses activités financières qui peuvent être éthiques, comme tout simplement le crédit bancaire. En effet, l’ISR désigne aujourd’hui l’investissement sous forme d’actions et d’obligations cotées. Or le crédit bancaire représente la majorité du financement des entreprises en Europe, et une part non négligeable aux Etats-Unis (voir ci-dessous)

  • De plus, comme on a pu le voir avec la Nef ou Triodos, le crédit bancaire peut être éthique, et c’est sûrement une des activités financières où elle peut l’être le plus.
  • Au-delà du crédit bancaire, d’autres activités non liées aux marchés financiers peuvent elles aussi relever de la finance éthique (voir le capital-risque avec les Cigales par exemple)
  • Ensuite parce que « éthique » et « socialement responsable » sont des notions différentes et apparues à des époques très éloignées (socialement responsable venant des années 70 d‘après l’auteur)
  • Enfin parce que l’ISR utilise une seule méthode parmi de nombreuses possibilités pour désigner ce qui est socialement responsable, et que cette méthode, comme le montre très bien Gaëtan Mortier, comporte des défauts nombreux et graves (voir ci-après)

Le grand malentendu de la finance éthique serait le dévoiement par les acteurs financiers traditionnels. En réalité, et Gaëtan Mortier l’explique également plus loin, il ne s’agit pas tant d‘un malentendu que de greenwashing, c’est-à-dire de publicité mensongère. Pour qu’il y ait malentendu, il faut qu’il y ait deux interlocuteurs dont l’un ne comprend pas bien ce que l’autre a voulu lui dire. Ici nous sommes plutôt dans le domaine de la tromperie.

Enfin, l’appel au citoyen est louable, mais il oublie l’analyse des inégalités, qui sont pourtant mentionnées par ailleurs par Gaëtan Mortier. Contrairement au commerce équitable, où chacun peut acheter son paquet de café et agir concrètement, on ne peut demander aux 50% les plus pauvres d’épargner éthique s’ils n’ont pas les moyens d’épargner tout court (la moitié des ménages les plus riches détient plus de 90% du patrimoine, et 10% des ménages détiennent 48% du patrimoine)

 La suite de la fiche de lecture est disponible ici

Revue de presse de décembre – Finance éthique

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La revue de presse est une sélection non exhaustive d’articles dans le domaine des finances alternatives (éthique, solidaire, durable, responsable, etc.) au cours du mois.

N’hésitez pas à signaler d’autres articles qui méritent selon vous d’être cités

Ce mois-ci nous retenons en particulier des articles sur :

Mots-clés : GABV, Global Alliance for Banking on Values, Finance Durable, Banque Durable, Critères, Performance

Mots-clés : éthique, intérêt, carrière

Mots-clés : finance éthique, religion, finance islamique, banque mondiale, inclusion financière

Mots-clés : obligations vertes, EDF, transition écologique, énergies renouvelables

Mots-clés : novethic, ISR, critères, ESG

Mots-clés : Vigeo, agence notation sociale, ISR

Mots-clés : Blue Bees, Financement participatif, Afrique, Développement

Mots-clés : Babyloan, Financement participatif, Développement, Microcrédit

Mots-clés : Agriculture, Finance islamique, microcrédit, Sénégal

Mots-clés : Energie Partagée, énergies renouvelables, finance participative, transition écologique

Mots-clés : Finance participative

Mots-clés : ESS, économie sociale et solidaire, méditerranée, fonds social, CoopMed

Mots-clés : finance éthique, finance solidaire, récompenses, profit for non profit awards

Mots-clés : finance éthique, finance solidaire, monnaie complémentaire, Brésil, banque communautaire, Palmas

Mots-clés : finance durable

Mots-clés : régulation, finance éthique, utilité sociale

Mots-clés : impact investing

Mots-clés : Oser, énergies renouvelables, fonds régional, fonds propres

Revue de presse d’octobre

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La revue de presse est une sélection non exhaustive d’articles dans le domaine des finances alternatives (éthique, solidaire, durable, responsable, etc.) au cours du mois.

N’hésitez pas à signaler d’autres articles qui méritent selon vous d’être cités

A/ Un état des lieux chiffré sur la finance solidaire

Mots-clés : Finansol, Etat des lieux, Chiffres

B / Le développement de nouvelles formes de financement à l’économie sociale et solidaire

  • nouveau soutien de Bpifrance (garantie de prêts notamment)
  • la finance participative
  • le capital-investissement, dont l’impact investing
  • les obligations indexées sur des résultats sociaux

Mots-clés : ESS, social impact bonds, impact investing

C/ Un chat animé par la RTBF entre Bernard Bayot, du Réseau Finance Alternatif en Belgique, qui dialogue avec des internautes sur la réappropriation du système financier par les citoyens

Mots- clés : Système financier, citoyen

D/ Une étude d’un cabinet de conseil qui a travaillé avec des étudiants sur la banque de 2020, qui met notamment en exergue la volonté de transparence et de contrôle des usagers sur l’institution financière à travers le modèle de la coopérative

Mots- clés : Banque coopérative, prospective, transparence,

E/ La création d’une banque coopérative en Israël, qui ne compte plus de telle institution depuis 1957

Mots- clés : Banque coopérative

F/ Le mouvement américain Occupy Wall Street lance une coopérative de services financiers, avec le lancement d’une carte de paiement

Mots- clés : Banque coopérative, Politique, militant, Occupy wall street, coopérative

G/ Un rapport qui pose la question de la définition de l’utilité sociale et de sa mesure par des indicateurs pertinents.

  • Une question particulièrement importante lorsque l’on souhaite définir la finance éthique, durable, responsable, etc.

Mots- clés : Utilité sociale, indicateurs, critères

H/ L’ESC Rennes, en partenariat avec la Caisse d’Epargne locale, travaille sur la création d’un livret d’épargne territorial, qui financerait les entreprises locales avec plus de transparence

Mots- clés : Territoire, Local, Transparence

I/ Des articles sur la finance islamique

Mots-clés : Finance islamique, religion, finance éthique, régulation, concurrence

J/ Plusieurs articles autour de l’ISR à l’occasion de la semaine de l’ISR (14 au 21 octobre) organisée pour la 4ème année consécutive par le Forum pour l’investissement responsable

  • L’ISR reste peu connu (62% des français ne le connaissent pas), les banquiers ne le proposent pas (2% des français ont reçu une proposition), mais la conférence bancaire pour la transition énergétique organisée par le gouvernement lors du printemps 2014 pourrait en faire un outil majeur de son financement investissements
  • La nouveauté est constituée par un e-mail pré-écrit de demande de renseignements réutilisable par les particuliers vis-à-vis de leur conseiller bancaire.

Mots-clés : ISR, régulation, fiscalité, transition énergétique, gouvernement

K/ Un article suisse avec un regard sur l’ISR plutôt financier, comparant les caractéristiques de l’ISR en termes de rendement et d’horizon de détention d’investissement.

  • Il n’existe pas de certification commune ou de label ce qui freine le développement du secteur.
  • Les entreprises sélectionnées dans les démarches ISR sont intéressantes car elles anticipent les défis du futur (changement climatique, rareté des ressources, etc.) et bénéficient ou bénéficieront donc d’un avantage compétitif

Mots-clés : ISR, avantage compétitif, Suisse

L/ Un article belge sur le succès des fonds ISR en Belgique, portés par des performances semblables ou supérieures aux fonds classiques

Mot-clé : ISR, Belgique

M/ Un article de présentation de la Nef par le labo de l’ESS

Mots- clés : La Nef

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Revue de presse de septembre

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La revue de presse est une sélection non exhaustive d’articles dans le domaine des finances alternatives (éthique, solidaire, durable, responsable, etc.) au cours du mois.

N’hésitez pas à signaler d’autres articles qui méritent selon vous d’être cités

Ce mois-ci nous retenons en particulier des articles sur :

  1. Des acteurs et initiatives de finances alternatives :
    1. Un acteur de la finance éthique et solidaire, la Nef
    2. Une nouvelle initiative originale d’Investissement Socialement Responsable qui incorpore des éléments de finance solidaire et de micro-crédit.
  2. Des prises de positions :
    1. Bernard Bayot, du Réseau de financement alternatif (RFA) en Belgique
    2. Finance Watch sur l’utilité sociale du système financier
    3. Le journal l’Humanité qui relaie une critique du fonctionnement des banque coopératives par Gilles Caire
  3. Deux articles sur l’ISR à propos de la multiplicité des labels existants et de l’évolution vers un label unique
  4. Trois articles sur la finance participative :
    1. Bpifrance lance un portail pour tous les projets
    2. Un article sur les scénarios de développement de la finance participative en France et en Europe
    3. Un article provocateur sur la comparaison des compétences d’évaluation des risques entre investisseurs particuliers et banquiers via une étude sur les plateformes de finance participative
  5. Des articles de réflexion sur l’éthique et l’argent :
    1. Une série de trois articles sur le blog de La Croix « Doctrine sociale »
    2. La publication d’un nouveau livre sur la finance socialement responsable par des philosophes spécialistes en éthique appliquée
  6. Deux articles sur les initiatives de l’ONU avec les bourses pour améliorer le reporting social et environnemental des entreprises au niveau mondial

 

Titre

Thèmes et mots-clés
1 Un acteur de la finance éthique et solidaire, la Nef Finance éthique, finance solidaire, réflexion sur l’argent
2 Une nouvelle initiative originale d’Investissement Socialement Responsable qui incorpore des éléments de finance solidaire et de micro-crédit. Acteur, initiative, ISR, finance solidaire
3 Bernard Bayot, du Réseau de financement alternatif (RFA) en Belgique ISR, label, transparence, éthique,  Prise de position
4 Finance Watch sur l’utilité sociale du système financier Politique, Régulation, Utilité sociale, Prise de position
5 Le journal l’Humanité qui relaie une critique du fonctionnement des banque coopératives par Gilles Caire Prise de position, étude, initiative, gouvernance, banque coopérative
6 Deux articles sur l’ISR à propos de la multiplicité des labels existants et de l’évolution vers un label unique ISR, label, Novethic
7 Une étude de Novethic sur l’Investissement Socialement Responsable, montrant les actions, limites et perspectives des actionnaires pour changer le comportement des multinationales, notamment après l’affaire du Rana plaza.
8 Bpifrance lance un portail pour tous les projets Finance participative, Bpifrance
9 Un article sur les scénarios de développement de la finance participative en France et en Europe Finance participative, scénarios, prospective
10 Un article provocateur sur la comparaison des compétences d’évaluation des risques entre investisseurs particuliers et banquiers via une étude sur les plateformes de finance participative Finance participative, utilité sociale
11 Une série de trois articles sur le blog de La Croix « Doctrine sociale » Finance éthique, christianisme, religion, réflexion sur l’argent
12 La publication d’un nouveau livre sur la finance socialement responsable par des philosophes spécialistes en éthique appliquée Finance éthique, finance solidaire, finance socialement responsable, réflexion sur l’argent
13 Deux articles sur les initiatives de l’ONU avec les bourses pour améliorer le reporting social et environnemental des entreprises au niveau mondial ONU, reporting, Bourses

 1/ L’article sur la Nef de Martin Bernard (voir notre propre article ici)

Il déplore notamment le fait que les initiatives comme la Nef ne bénéficient pas de plus d’attention de la part des médias, ce que nous partageons. Il propose également une lecture attentive des statuts sur la vision de la Nef qui est très instructive.

Pour ceux qui iront lire l’article, nous avons mis en commentaire deux précisions pour compléter l’article et préciser un élément qui ne nous semblait pas justifié.

2/ Le lancement de Funds For Good en Belgique :

Composée d’une SICAV (société d’investissement à capital variable) classique

Un engagement sur l’honneur a été pris de ne pas investir dans l’armement, ni dans les matières premières agricoles, ni dans l’eau ou d’autres actifs cyniques. Le label Ethibel est chargé de vérifier chaque année le respect de la charte philanthropique du fonds.

Une partie des bénéfices réalisés sur les frais de gestion et de distribution de la sicav est reversée à un fonds d’investissement abrité à la Fondation Roi Baudouin, Generation For Good, dont le rôle est de financer des activités dans la santé, l’éducation et l’entrepreneuriat.

Sur la partie entrepreneuriat, Generation For Good passe par Microstart, un institut de microcrédit belge. Funds For Good permettra aux clients de Microstart de bénéficier, outre d’un prêt classique soumis aux intérêts, d’un prêt d’honneur (sans garantie et à taux 0) qui lui est assorti jusqu’à 50 % du montant du prêt classique.

3/ L’entretien de Bernard Bayot, directeur depuis 2004 du Réseau de financement alternatif (RFA) en Belgique

Il n’existe pas de garantie que les fonds de placement ISR ou solidaires (qui reversent une partie des gains à des associations, comme Funds For Good ci-dessus) placent les fonds dans des entreprises aux effets sociaux et environnementaux négatifs (armement, etc.).

RFA souhaite un label public pour le faire, et a même fait une proposition de loi en 2006, reportée suite aux crises gouvernementales en Belgique.

A défaut, RFA a constitué une base de données des produits financiers socialement responsables (300 en Belgique), notés par l’association et disponible sur le site de Financité.

4/ L’ONG Finance Watch lance une campagne pour appeler à de vrais changements dans le secteur financier et mobiliser les citoyens européens. (Novethic)

Un entretien avec Finance Watch sur sa campagne de communication pour montrer, à l’occasion du 5eme anniversaire de la crise, que l’inflation de règlementations qui a suivi n’a pas permis de remettre la finance au service de la société.

5/ Les assemblées générales des banques coopératives sont loin des principes démocratiques écrits dans les statuts

Plusieurs exemples des dérives de la démocratie coopérative dans les banques comme le Crédit Agricole, tirés en parti d’une étude de Gilles Caire de l’université de Poitiers. L’exemple d’une tentative de changement démocratique mené par un entrepreneur dans une caisse locale rend l’article encore plus intéressant.

6/ Les initiatives de label ISR se concurrencent, ce qui pourrait amener à un label unique mené par les pouvoirs publics

Lien 1 et Lien 2

L’offre ISR est constituée par des approches différentes selon les sociétés de gestion, qui elles-mêmes ne sont pas toujours transparentes quant à leurs placement.

« Nous n’agrégeons même plus les données de l’ISR à l’échelle de l’Europe car cela revient à additionner des choux et des carottes », renchérit Anne-Catherine Husson-Traoré, directrice générale du centre de recherches Novethic

Plusieurs labels et définitions sont donc présents sur le marché :

  • Le label référence de Novethic, filiale de la Caisse des Dépôts. Certains acteurs comme Amundi l’ont critiqué, refusent de participer au classement, et cherchent à obtenir d’autres manières d’être légitimes, comme la certification Afnor « engagement de service – démarche ISR ».
  • La définition de l’ISR de l’Association française de gestion, en liaison avec le FIR (Forum pour l’investissement responsable)
  • Dans l’épargne salariale, c’est le Comité intersyndical de l’épargne salariale (CIES) qui labellise les fonds répondant à ses propres critères.

Le rapport Brovelli-Drago-Moliné remis en juin propose de créer un label « unique et enrichi » défini avec les pouvoirs publics.

7/ Une étude de Novethic sur l’Investissement Socialement Responsable, montrant les actions, limites et perspectives des actionnaires pour changer le comportement des multinationales, notamment après l’affaire du Rana plaza.

8/ Bpifrance soutient la finance participative

Bpifrance lance le portail « Tousnosprojets.fr », qui agrège l’ensemble des projets, entrepreneuriaux ou non, faisant appel aux internautes pour être financés.

9/ Financement participatif

Un article proposant des scénarios sur le développement du financement participatif en France et en Europe, selon les options prises par le gouvernement français en matière de régulation française et européenne.

10/ Financement participatif

Un article de Paul Seabright de l’Ecole d’économie de Toulouse sur le financement participatif. A la suite d’une étude (non encore publiée) montrant que les prêteurs d’un site de financement participatif pour des prêts aux particuliers (Prosper.com) prédiraient mieux le risque que les banques, l’auteur pose la question de la pertinence des banques comme intermédiaire privilégié du système financier, surtout après les risques pris et matérialisés lors de la dernière crise.

11/ La série de 3 articles parus sur le blog du journal la Croix « Doctrine sociale », à propos des dernières publications sur le regard chrétien sur la finance

Lien 1, Lien 2, Lien 3

12/ Publication d’un nouveau livre sur la finance socialement responsable

André Lacroix, Allison Marchildon, coll. de Louise Campeau, Quelle éthique pour la finance? Portrait et analyse de la finance socialement responsable, Québec, Les Presses de l’Université du Québec, 2013, 252 p.

13/ De nouvelles bourses rejoignent l’initiative de l’ONU « sustainable stock exchange »

Lien 1, Lien 2

Cette initiative lancée en 2008 cherche à inciter les entreprises clientes des bourses de réaliser un meilleur « reporting » sur les questions sociales et environnementales. L’objectif à terme est de faire de ce reporting un préalable à toute entrée en Bourse. Aucun moyen  n’est malheureusement défini pour y arriver.

Triodos, une banque durable

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Parfois, une image vaut plus qu’un long discours, alors voilà ce que la finance éthique pratiquée par la banque Triodos permet d’offrir à ses clients : on finance tel projet, à tel endroit.

Source : http://www.triodos.be/fr/la-banque-triodos/votre-epargne-a-la-trace/

Triodos, une banque durable européenne née aux Pays-Bas

La fondation Triodos est créée en 1971 dans le but de collecter des dons pour financer des projets innovants et durables, et obtient en 1980 l’agrément bancaire lui permettant de créer une nouvelle structure, Triodos Bank.

Sa croissance lui a permis de persifier ses activités au niveau sectoriel (immobilier durable, micro-finance, énergies renouvelables, commerce équitable, etc.) et géographique (Belgique, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne)

Elle s’adresse aux particuliers et professionnels avec une offre très simple et n’a pas recours aux marchés financiers pour se refinancer (elle prête ce que lui permet sa base de dépôts).

Triodos est probablement le plus grand établissement respectant à la fois la transparence du circuit financier et un engagement éthique

  • 5 Milliards d’Euros de bilan
  • 3,2 Milliards d’Euros de prêts
  • 437 000 clients

Source : rapport annuel 2012

La transparence et l’argent au service des valeurs font partie des principes fondamentaux, mais pas la participation des usagers à la maîtrise de l’outil financier

Ces principes sont en lien avec l’anthroposophie, un courant de pensée développé par Rudolph Steiner, et qui a donné des applications dans le domaine de l’éducation (Ecoles Steiner) ou l’agriculture (bio-dynamie), et qui est aussi à l’origine de la Nef.

  • Financement d’activités respectueuses des hommes, de leur environnement et de leur culture
  • La transparence du circuit financier, à travers notamment une carte interactive localisant et décrivant les projets financés (voir ci-dessus)
  • L’excellence du service rendu
  • Le soutien à l’entrepreneuriat
  • Le profit comme moyen et non comme fin : optimisation mais non maximalisation du profit, c’est-à-dire parvenir à satisfaire l’ensemble des parties prenantes (salariés, épargnants, emprunteurs, société civile, actionnaires)
    • Concrètement, il n’y a pas de bonus à la performance incitant à maximiser la rentabilité
  • Le maintien d’un rapport de 1 à 10 des salaires dans l’entreprise
  • Compenser l’empreinte carbone de la banque à 100% (il me semble qu’il s’agit de l’empreinte directe de la banque et non celle liée aux financements réalisés)

On y retrouve deux des piliers de la finance éthique vus chez les Cigales ou la Nef : la transparence et l’argent au service de ses valeurs.

Par contre, la participation des usagers à la maîtrise de l’outil financier n’est pas réellement présent, car Triodos n’est pas une coopérative mais une société anonyme, dont les actions sont détenues par la SAAT (Stichting Adminstratiekantoor Aandelen Triodos Bank) qui regroupe les fondateurs de la banque.

Pour lever des fonds, la SAAT émet des certificats d’actions de la banque, qui donne des droits de vote restreints. Cela permet aux fondateurs de se protéger d’un rachat et d’un changement de culture qui y serait associé. Ainsi, au-delà de certains seuils de certificats d’actions, les droits de vote n’augmentent plus. C’est un intermédiaire entre la société anonyme pure où 1 action égale 1 voix, et le modèle coopératif où 1 personne égale 1 voix.

Lors de son intervention au séminaire cité plus bas, Olivier Marquet, directeur général de Triodos Belgique explique que les créateurs de Triodos ont étudié la meilleure forme juridique pour développer une banque éthique (au sens de transparente et au service de certaines valeurs). Le modèle coopératif était le plus courant, mais ils ont conclu que le meilleur modèle pour atteindre une taille importante, permettant de ne pas simplement être un acteur marginal mais d’avoir un vrai pouvoir de changer la société, était la société anonyme, l’argument principal étant la capacité à lever du capital massivement.

La finance éthique concrètement, ce sont des débats sur ce qu’est une bonne société

Un autre exemple illustre un des aspects les plus intéressants de la finance éthique. Une fois que l’on entre dans une démarche éthique, en défendant des valeurs, il faut pouvoir le mettre en pratique dans la réalité en finançant des projets qui y correspondent. Olivier Marquet parle de l’alcool, en expliquant que les hollandais souhaitaient interdire les brasseries des fonds d’investissement socialement responsable (ISR), car l’alcool est à bannir. Les belges ont eux rétorqué que les brasseries faisaient partie de la culture belge, et que de nombreuses petites brasseries belges avaient besoin de leurs financements, et qu’ils souhaitaient le faire. Finalement, les brasseurs ne sont pas exclus des fonds ISR s’ils n’ont pas de politique de communication agressive envers les jeunes.

L’ISR chez Triodos

Triodos a une quinzaine de salariés travaillant sur la notation extra-financière des 1 600 plus grandes cotations boursières mondiales. Leurs critères sont en général plus sévères que d’autres agences selon Olivier Marquet.

  • Fait intéressant, Triodos vend à d’autres banques ses listes d’entreprises responsables et irresponsables pour qu’elles proposent elles-aussi des fonds ISR.
  • Autre fait intéressant, et j’espère aussi y revenir dans un article sur l’engagement actionnarial, Triodos engage un dialogue avec les entreprises qu’elle note, celles-ci demandant comment elles peuvent s’améliorer afin de rentrer dans les actions éligibles à l’ISR.
    • exemple concret : il y a 7-8 ans, Triodos avait sélectionné Pepsi mais pas Coca-Cola dans les actions éligibles à l’ISR. Coca-Cola a appelé en demandant pourquoi, et s’est vu répondre que Pepsi avait arrêté d’utiliser du fréon (gaz toxique) dans les distributeurs de boisson. Coca-Cola aurait arrêté l’utilisation du fréon juste après.

Olivier Marquet explique par ailleurs que les investissements ISR (en actions côtées) ont une performance similaire aux actions « non-responsables ».

Triodos se cantonne aux métiers de base du banquier mais innove énormément

L’innovation en banque n’est donc pas nécessairement synonyme de produits dérivés et de formules mathématiques complexes, ou bien d’ordinateurs puissants permettant du trading haute-fréquence, mais de réponses à des enjeux de société:

  • 1990 : Lancement d’un Fonds commun de placement (FCP) pour la transition de l’agriculture vers le modèle biologique.

La densité aux Pays-Bas étant très forte, le modèle intensif avec épandage de pesticides nuisait directement aux habitants proches des champs. L’Etat ne pouvant pas financer les coûts de reconversion, Triodos a proposé de créer un FCP recueillant les investissements de particuliers, et prêtant aux agriculteurs en conversion. L’Etat ne payait qu’une fraction des sommes envisagées via un avantage fiscal pour les investisseurs et une bonification des prêts.

  • 1995 : Fonds de micro-finance
  • 2004 : Fonds immobiliers consacré aux bâtiments de bureau passifs ou à faible consommation
  • 2006 : FCP pour la rénovation des musées nationaux

Des prises de positions importantes

Triodos milite pour la séparation des banques de dépôts et des banques d’investissements, et tient un discours très original aux régulateurs : méfiez-vous des banquiers, ils veulent de l’auto-régulation mais si vous les laissez ils referont pareil! Triodos Belgique ne fait pas partie de l’association des banques belges par exemple.

Un autre élément de l’entretien avec Olivier Marquet m’a interpellé. Il y explique que selon les pays, Triodos ne finance pas la même part de projets écologiques, sociaux ou culturels. Par exemple, en Belgique, Triodos ne finance quasiment que des projets écologiques, car l’économie sociale est déjà bien servie par d’autres acteurs et qu’ils ne souhaitent pas leur faire concurrence. Au-delà de la possibilité d’un effet d’affichage, ou du fait que Triodos ne serait de toute façon pas compétitif, cela peut nous faire penser au développement des banquiers mutualistes ou coopératifs français dans le secteur de l’assurance (ou vice-versa), alors que des acteurs coopératifs et/ou mutualistes – participant donc en théorie à l’économie sociale et solidaire – sont présents de longue date. (Un point souligné par M. Abhervé et P. Dubois). Reste l’argument que cette concurrence accrue peut stimuler la concurrence et donc faire baisser les tarifs pour les sociétaires-usagers, argument évidemment recevable mais à relativiser dans un domaine où la coopération et la solidarité sont censées régner.

Par contre, étonnamment, la problématique des paradis fiscaux ne semble pas intéresser Triodos.

Une situation financière originale : liquidités abondantes, retour sur investissement limité mais stable

Triodos, dispose de critères de sélection des projets sévères et d’une politique de risque restrictive liée à la taille et la jeunesse de la banque. Cela implique un décalage structurel entre les ressources collectées (dépôts des particuliers) et le montant utilisé (les prêts débloqués). La banque ne se finance donc pas sur les marchés financiers et dispose d’une grande autonomie.

Par ailleurs, les dividendes sont limités à environ 5% de la valeur du certificat d’action, contre une attente située plutôt autour de 10% pour le secteur bancaire, afin de conserver les moyens de croître à un rythme rapide (objectifs de 20% par an). Toutefois, Olivier Marquet souligne que sur le long terme, le retour sur investissement n’est sans doute pas si éloigné, si on prend en compte l’effet de la crise. La chute des cours a compensé les importants dividendes reçus.

Liens avec la Nef

Lors de mon article sur la Nef, je parlais de la volonté de la Nef d’obtenir l’agrément bancaire. Une des possibilités offertes à la Nef était de devenir intermédiaire en opérations bancaires pour le compte de Triodos en France, afin d’agir comme une banque. Mais finalement l’option retenue a été de créer une Banque Ethique Européenne avec d’autres coopératives.

Triodos a annoncé son lancement en France en 2013 : les financements semblent pour l’instant limités aux grands projets (au-delà de 500 000 €). C’est donc une excellente nouvelle pour la finance éthique et les secteurs qu’elle finance principalement (énergies renouvelables, Economie Sociale et Solidaire, secteurs culturel et social, etc.)

Article basé sur le compte-rendu de l’intervention d’Olivier Marquet, directeur général de Triodos Belgique, lors du séminaire Roland Vaxelaire de la Majeure Alternative Management d’HEC, le 2/02/2011, et de la fiche sur Triodos transmise par la Nef

[La première version de cet article a été originellement publié le 25/02/2012 sur financeethique.blogspot.com]

La finance éthique concrètement : l’expérience d’un cigalier

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Pour commencer la série « La finance éthique concrètement », je vais parler de ma première expérience réelle de finance éthique, qui a commencé fin 2008.

En me renseignant sur les mouvements liés au « développement durable », j’ai trouvé le site des CIGALES  (Club d’Investissement pour une Gestion Locale et Alternative de l’Epargne Solidaire). Je me suis donc rendu en novembre ou décembre à une réunion d’information animée par David Nicolet, un des piliers du mouvement en Ile de France. Quelques mois plus tard, après avoir assisté à 3 réunions, j’ai intégré la Cigales Pacha Mama.

Les Cigales, qu’est ce que c’est ?

Concrètement, entre 5 et 20 personnes mettent de l’argent tous les mois en commun dans le but d’investir au capital d’entreprises locales, la plupart en cours de création, qui s’insèrent dans l’Economie Sociale et Solidaire (énergies renouvelables, économies d’énergie, agriculture Bio, activités culturelles, personnes en réinsertion, etc).

A quoi ça sert ?

Une Cigales investit entre 1 000 € et 3 000 € par projet (plusieurs Cigales peuvent se joindre au même projet) et permet aux entrepreneurs d’obtenir plus facilement des prêts bancaires et des garanties/caution de la part de fonds spécialisés (France Active), en augmentant les fonds propres, et en montrant que d’autres personnes que le porteur, ses amis et sa famille croient au projet.
Par ailleurs, le fait d’avoir une Cigales à son capital permet de postuler à « Garrigue », une société coopérative de finance solidaire qui investit des montants plus importants (de l’ordre de 10 000€ à 30 000€).

Qu’est ce que j’en retiens ?

En pratique, mes 600 € personnels ont participé au financement d’une boulangerie employant des salariés en insertion (http://www.farinez-vous.com/ ), d’une librairie à La Courneuve (http://www.librairie-la-traverse.fr/ ), d’une entreprise de matériaux de construction écologiques (Bats Verts), etc.

Durant deux ans et demi, j’ai assisté à une quinzaine de réunions où un entrepreneur expose son idée et défend son projet. A part être tenu au courant des derniers développements du marché des couches lavables (http://www.apinapi.fr/catalog/ ), c’est une très bonne porte d’entrée pour connaître le tissu économique local et les problématiques que rencontrent les entrepreneurs. Si l’on veut soit même monter son entreprise dans le futur, c’est bien évidemment un poste d’observation très intéressant.

Surtout, cela m’a permis de rencontrer des personnes entreprenantes avec qui je partage la volonté de construire un monde plus conforme à mes valeurs, en particulier le respect de l’environnement et la solidarité. Je compte ici les entrepreneurs eux-mêmes, mais aussi les autres membres de la Cigales, qui permettent de se confronter à des visions différentes. Ça veut par exemple dire batailler sur l’opportunité de financer une librairie à La Courneuve avec une kiné, un officier de la marine ou un jeune retraité.

Enfin, je peux (i) savoir concrètement où passe une partie de mon argent, (ii) appuyer des entrepreneurs qui créent de la valeur ajoutée sociale et environnementale et (iii) participer activement aux décisions de l’outil financier (ici le club d’investissement)

La transparence, l’argent au service de ses valeurs, la capacité d’agir sur les outils financiers, voilà une première approche de ce qu’est la finance éthique selon moi.

[Cet article a été originellement publié en janvier 2012 sur financeethique.blogspot.com]