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Innovation Archives - Finances éthiques et alternatives

Le modèle économique d’une banque sans taux d’intérêt, la JÄK Bank

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La JAK est une petite banque réunissant environ 38 000 membres, une trentaine de salariés, pour 170 millions d’euros d’actifs

Venez fouiller avec moi dans un rapport annuel en suédois armé de google translate 😉

Elle dispose d’une trentaine de salariés, principalement à son siège de Skövde, et une agence à Orsa. Il s’agit de deux petites villes, il n’y a pas d’implantation à Stockholm ou une des autres grandes métropoles suédoises.

Elle compte environ 700 bénévoles et 24 groupes locaux qui servent de relais partout en Suède.

D’où vient l’argent? Des membres, qui déposent dans des comptes épargne environ 160 millions d’euros, et en parts sociales de la coopérative (capital) environ 10 millions d’euros.

Où va l’argent?

  • 93 millions d’euros se destinent à des prêts aux membres
    • 84 millions d’euros sont pour des prêts immobiliers à des particuliers,
    • Il y a également des petits prêts sans garantie, à partir de 5 000 couronnes / 500 euros
  • 46 millions d’euros dans des obligations (pas de détail)
  • 10 millions d’euros sont placés en dette publique suédoise, ce qui rapporte à la JAK des intérêts :
    • 7,5 millions pour les collectivités locales
    • 2,5 millions pour l’Etat suédois
  • 10 millions d’euros à des établissements financiers :
    • 9 millions dans “autres banques”
    • 900 000 € dans Nordea, un des principaux groupes financiers scandinave, détenu jusqu’en 2013 à 20% par l’Etat suédois
    • 600 000 € dans Ekobanken, la banque éthique suédoise, similaire à la Nef en France  [lien article blog sur Nef]
    • Mon interprétation est que les “autres banques” à qui la JAK confie une partie de ses dépôts sont moins éthiques qu’ekobanken mais offrent des taux d’intérêts supérieurs, qui sont pour l’instant cruciaux pour la survie de la JAK. En 2015, les sommes déposées dans des établissements financiers était de près de 20 millions d’euros. Les taux ayant chuté, la JAK les a mis davantage dans la dette publique et les obligations, probablement plus rémunératrices
  • 6 millions d’euros déposés à la banque centrale suédoise (ce qui n’est pas sans poser problème ces dernières années à cause des taux négatifs allant jusqu’à -0,4% imposés par celle-ci).
  • “Frais payés d’avance et le revenu accumulé” : 3 millions
  • 1 million d’euros : immobilisations corporelles et incorporelles

D’après le document de Miguel Ganzo (datant de 2006, mais le nombre de membres est resté stable depuis), environ 20 000 membres épargnent, 5 000 empruntent.

Côté compte de résultat, après de nombreuses années de bénéfices modestes, la JAK vit une période difficile.

Elle a en effet réalisé des investissements informatiques et réglementaires (obligatoires) importants au moment où les taux sont devenus négatifs ou très faibles, ce qui engendre des pertes depuis 3 ans

La JAK génère environ 2,4 millions d’euros d’intérêts (issus des obligations vues ci-dessus), et près d’un million d’euros de commissions, issus des cotisations des membres, frais de dossiers et commissions sur les prêts. C’est le principal paradoxe de la JAK, elle qui lutte contre les intérêts en économie, elle ne peut pour l’instant exister sans faire payer d’intérêts à l’Etat suédois ou d’autres établissements.

Les charges représentent environ 3,4 millions d’euros (locaux, salaires, amortissements, etc.), et les impayés environ 100 000 euros.

La perte opérationnelle est d’environ 200 000 euros chaque année depuis 3 ans. Or la JAK avait déjà accumulé plus de pertes que de gains depuis sa création. Suite à la crise financière, les autorités bancaires suédoises ont fortement augmenté les montants de capitaux propres dont doit disposer une banque. Elles ont contraint la JAK à prendre des mesures afin de devenir plus rentable et d’augmenter son capital. Ainsi, le remboursement des parts sociales que souscrivent les membres à chaque prêt (voir ci-dessous) qui sont normalement remboursées lorsque le membre finit de rembourser le prêt, seront remboursées avec un délai de 2 à 3 ans.

Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires ou à m’envoyer des mails sur financeethique.eu@gmail.com

Pourquoi recevoir ou payer des intérêts à sa banque?

By | Etude de cas | 2 Comments

Entre amis, entre membres d’une même famille, l’usage est de se prêter de l’argent à taux zéro, sans intérêts. La plupart des gens ne pense pas à prêter avec un taux d’intérêt leur permettant de gagner de l’argent sans rien faire, “ça ne se fait pas”. Et pourtant, lorsque nous avons une épargne, la plupart d’entre nous cherchons à maximiser notre rendement, et les banques n’hésitent pas à surenchérir : taux “boosté” à 3% pendant 3 mois, 100€ offert pour l’ouverture d’un compte, etc. Sans compter les comparateurs qui fleurissent pour nous aider à optimiser ce rendement.

Ne pourrait-on pas étendre cet état d’esprit, au nom d’une amitié étendue, de solidarité ou, d’après notre devise nationale, de fraternité? Pourquoi faire à un inconnu ce qu’on ne fait pas à ses amis et à sa famille parce que “ça ne se fait pas”?

Etudions un circuit de l’argent et des intérêts

Si on se rend dans une banque qui nous promet un rendement de 3%, nos 1 000€ deviennent 1 030€ à la fin de l’année : Les 30€ obtenus sans rien faire, d’où viennent-ils? Ce n’est pas un cadeau, quelqu’un a dû les payer. Il s’est sûrement passé ceci : au même moment, une personne a demandé 1 000€ à la banque, elle lui a facturé 1 080€, en a gardé 50 et vous en a donné 30€.

On peut alors se dire qu’on y gagne quand on prête, qu’on y perd quand on emprunte. Mais statistiquement, la majorité des personnes y perdent. En réalisant une étude sur la population suédoise, 90% payent plus d’intérêts qu’ils n’en reçoivent.

Répartition intérêts entre déciles de la population suédoise concentration richesse

Source : Miguel Ganzo, cf lien plus bas

Il indique en rouge les intérêts perçus en milliers de couronnes par décile de la population (chaque décile représente 10% de la population), et en vert les intérêts payés. Seul le dernier décile reçoit plus d’intérêts qu’il n’en paye.

Les données sources ne sont pas disponibles malheureusement et je ne retrouve pas d’équivalent sur Internet pour d’autres pays. Il semble logique : plus on est riche, plus on reçoit d’intérêts, et on sait que les inégalités sont très fortes (50% du patrimoine français est détenu par les 10% des ménages les plus riches).

Pour finir, regardons les deux principaux contre-arguments qui peuvent surgir sur l’absence d’ intérêts :

  • le coût d’opportunité : je veux bien prêter à taux 0, mais à côté j’ai la possibilité de prêter mon argent à des taux positifs, donc je renonce à gagner de l’argent
    • Premièrement, le fait d’accepter de ne pas gagner d’argent est très différent de perdre de l’argent qu’on a déjà, comme l’ont montré les Prix “Nobel” Kahneman et Tversky. Nous sommes beaucoup plus sensibles à la perte de ce qu’on a déjà qu’à un éventuel gain espéré.
    • Deuxièmement, si une communauté suffisamment grande rejoint un système sans taux d’intérêt, nous allons pouvoir également emprunter de l’argent à taux zéro lorsque nous en aurons besoin, ce qui permet d’équilibrer la balance.
  • L’inflation :
    • Investir de l’argent à taux 0 reviendrait à voir lentement son épargne perdre de la valeur, rongée par l’inflation.
    • La réponse provisoire (et pas totalement satisfaisante) à cette problématique me semble être, à ce stade, le faible impact en valeur absolue comme relative, et la diversification de ses actifs :
      • Pour la majorité de la population, l’épargne et le patrimoine sont faibles (En France, les 50% les plus pauvres détiennent 7% du patrimoine total) : toucher 0% ou 1% sur pas grand chose, ça fait pas grand chose. A l’inverse, ils ont donc des besoins d’emprunts importants, et un système à taux 0 leur bénéficierait
      • Pour ceux qui concentrent l’épargne (10% des ménages cités plus hauts, et le 40% du milieu qui détiennent 43% du patrimoine), la diversification des actifs devrait permettre d’accepter une partie à 0%, d’autant plus si cela permet d’emprunter à 0 pour certains projets.
        • C’est déjà le cas avec les comptes-courants en France, non rémunérés même en période de forte inflation, et qui représentent une masse très importante : 429 milliards d’euros en France au T1 2017 (source : Banque de France)

D’accord, ne pas payer ni recevoir d’intérêts semble une idée juste. Et alors? Alors cela a motivé des danois puis des suédois à créer une banque sans taux d’intérêt, la JÄK Bank, que nous allons étudier dans les prochains articles, et qui renverse de nombreux paradigmes bancaires et économiques.

La suite dans le prochain article de la série!

Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires ou à m’envoyer des mails sur financeethique.eu@gmail.com

Sources :

https://jak.se/jakexplained

16_JAK Medlemsbank – Cooperativa bancaria JAK – Suecia

Kahneman et Tversky : https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2010-3-page-15.htm

 

Revue de presse de décembre 2014 – Finance éthique

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Ce mois-ci nous retenons en particulier :

 

  • La loi ESS du 31 juillet 2014 crée 3 nouveaux modes de soutien à l’économie sociale et solidaire :
    • Le fonds d’investissement pour l’innovation sociale (Fiso) :
      • appels à projet des entreprises dont l’activité « répond à une demande nouvelle correspondant à des besoins sociaux non ou mal satisfait »
      • Lancé expérimentalement dans 8 régions d’ici fin 2014
      • Cofinancé par l’Etat et les régions, géré par Bpifrance
      • Capacité publique totale de 40 millions d’euros
      • Taille minimale du ticket d’investissement sera de 30 000 euros
    • Prêts spécifiques pour les entreprises sociales et solidaires (PESS)
      • A partir de janvier 2015 aux guichets des grands réseaux bancaires français
      • Montant de 20.000 à 50.000 euros, crédits garantis à 70% par la BPI
      • Une enveloppe de 50 millions d’euros par an est prévue dans ce cadre.
    • Fonds de fonds :
      • Capacité d’investissement en fonds propres dans les entreprises de l’ESS et les entreprises recherchant un impact social.
      • Tour de table initial autour de 50 millions d’euros pour un fonds d’investissement dans des coopératives, nommé « impact coopératif ».

 

Mots-clés : ESS, innovation, financement

 

 

Mots-clés : Finance éthique, morale, fraude, délits, banques, banksters, arbitrage légal, amendes

 

 

Mots-clés : Justice, Finance éthique, morale, fraude, délits, banques, banksters, amendes, BNP Paribas, Etats-Unis

 

 

  • Le fonds souverain norvégien alimente le débat sur le rôle des investisseurs financiers dans la transition énergétique à la suite de la publication d’un nouveau rapport
    • Le débat est structuré principalement entre :
      • ceux qui souhaitent exclure les entreprises des secteur du pétrole et du charbon des investissements possibles
        • soit pour des raisons d’intérêt général : cela permet de réduire et renchérir les sources de financement pour ces projets et donc les rendre moins intéressants que les investissements dans les énergies renouvelables
        • soit pour des raisons d’intérêt bien compris, comme l’assureur Storebrand, minoritaire aujourd’hui : ces acteurs considèrent qu’investir dans des projets à énergie fossile fait courir un « risque carbone », c’est-à-dire un risque financier important lié à la perte de valeur d’actifs polluants vu l’augmentation de leurs coûts et le développement de règlementations anti-polluantes et anti-réchauffement climatique
      • ceux qui souhaitent exclure uniquement les entreprises les plus polluantes de ces secteurs, mais ne pas exclure toute entreprise appartenant à ces secteurs
    • Le rapport émet plusieurs recommandations :
      • Opter pour la deuxième option, la non-exclusion de secteurs mais simplement des entreprises les plus polluantes
      • Le fonds doit pousser les entreprises, par son pouvoir d’actionnaire, à diminuer leurs émissions
    • Le fonds a par ailleurs annoncé vouloir investir dans des entreprises innovantes de la transition énergétique

 

Mots-clés : Finance éthique, Norvège, fonds souverain, transition énergétique, risque carbone, exclusion, best in class, charbon, pétrole, énergie

 

 

Mots-clés : Finance religieuse, religion, finance éthique, usure, Welby, Canterbury, Wonga

 

Revue de presse de novembre 2014 – Finance éthique

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  • La proposition de l’archevêque de Canterbury de créer une formation sur l’éthique pour les cadres de la finance
    • Destinée aux cadres de la finance âgés de 20 à 35 ans, il s’agit d’une année sabbatique au sein d’« une communauté quasi-monastique » pour apprendre l’éthique et la philosophie avant de se lancer dans la City.
    • « Le meilleur moyen de combattre le manque de confiance, c’est de dispenser aux jeunes banquiers une formation sur Dieu, l’éthique et les pauvres. »
    • Nous pensons que ces initiatives sont positives mais ont un effet très faible. En effet, les appels à la morale ont déjà été tentés de multiples fois avec des résultats inexistants. Souvenons-nous des appels à la morale et à la formation en éthique après la crise de 2001 et les affaires Enron ou Worldcom, regardons les nombreuses amendes portant sur des métiers très différents des banques, qu’elles soient américaines, européennes, japonaises ou d’ailleurs, après la crise de 2008 et les appels. De fait, depuis une dizaine d’années existent de nombreuses formations en éthique dans les business schools du monde entier, et les comportements n’ont pas changé. L’intérêt individuel semble bien primer, notamment dans ces professions et les types de population qui ont accès à ces métiers, sur toute autre considération. Ajouter un appel ou une formation à l’éthique ne changera selon nous pas grand-chose. Il faut d’ailleurs se demander si ces formations sont pertinentes (N’est-ce pas quelque chose que l’on apprend en famille et avec ses pairs durant l’enfance ? Commencer à 20 ans paraît déjà trop tard.)
    • Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, nous leur conseillons le livre de Frédéric Lordon « Et la vertu sauvera le monde. Après la crise financière, le salut par l’éthique » (la crise mentionnée étant celle de 2001).

 Mots-clés : finance éthique, religion, philosophie

 

 

Mots-clés : innovation, immobilier, saisie, StayHome

 

 

 

Mots-clés : finance islamique, critique, religion

 

 

Mots-clés : finance verte, principes, critères, régulation, volontaire, certification, formels, définition

 

 

Mots-clés : charbon, finance verte,

 

 

Mots-clés : travail, finance éthique, finance solidaire, témoignages

Revue de presse de juillet à septembre 2014 – Finance éthique

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 La revue de presse est une sélection non exhaustive d’articles dans le domaine des finances alternatives (éthique, solidaire, durable, responsable, etc.) au cours du mois.

N’hésitez pas à signaler d’autres articles qui méritent selon vous d’être cités

Ce mois-ci nous retenons en particulier des articles sur :

 

Mots-clés : slow money, agriculture

 

 

Mots-clés : fonds d’investissement, critères ESG

 

 

Mots-clés : finance durable, innovation

 

 

Mots-clés : recherche, finance durable

 

Mots-clés : Tookam, transparence, fléchage des fonds

 

 

Mots-clés : optimisation fiscale,

 

 

Mots-clés : simulation boursière, finance responsable

Mots-clés : Triodos, google, militaire

 

Mots-clés : finance responsable, Québec

Mots-clés : FADEV, finance participative, Afrique

 

Mots-clés : Fiare, Espagne, banque éthique, coopérative

Mots-clés : religion

 

Mots-clés : ratios, comparatif, banques éthiques

 

Revue de presse de novembre

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La revue de presse est une sélection non exhaustive d’articles dans le domaine des finances alternatives (éthique, solidaire, durable, responsable, etc.) au cours du mois.

N’hésitez pas à signaler d’autres articles qui méritent selon vous d’être cités

Ce mois-ci nous retenons en particulier des articles sur :

Mots-clés : Nef, Banque éthique

  • La semaine de la finance solidaire, du 4 au 11 novembre :
    • Un million de Français ont déjà souscrit à des fonds
    • L’épargne salariale apporte 80% des fonds. La loi impose notamment, depuis 2010, la présence d’au moins un fonds ISR parmi les choix d’épargne salariale via l’entreprise.
    • Finansol vise 1% de l’épargne des français dans 15 ans

Mots-clés : Finansol, Finance solidaire

Mots-clés : Agriculture, AMAP, Cigales, finance participative, Terre de Liens, Cagnottes solidaires

Mots-clés : Banque locale, association, prêt d’honneur

  • La publication de “Visions on the Future of Crowdfunding in Europe” [edition : lien supprimé, site fermé]

Mots-clés : Finance participative

Mots-clés : Fonds souverain, éthique, ISR, pétrole

Mots-clés : Financement transition écologique

Mots-clés : Finance éthique, salariés

Mots-clés : Mafia

Mots-clés : Banque Publique, Inde

  • L’étude de l’institut du Crédit Suisse sur les méfaits de la surconsommation de sucre au niveau mondial
    • Une étude qui pointe les responsabilités de grandes multinationales comme Coca Cola, et met en avant la taxe sur le sucre ou les sodas comme des solutions efficaces pour lutter contre les dégâts sanitaires provoqués
    • Note : il est très surprenant de voir un institut dépendant d’une Banque critiquer de la sorte une industrie, alors que cette banque commercialise entre des produits financiers liés à cette industrie. Après recherches sur Internet, le Crédit Suisse note l’action Coca-Cola (et semble même recommander l’achat ou la conservation en portefeuille de l’action – https://www.credit-suisse.com/legal/pb_research/).

Mots-clés : Crédit Suisse, sucre, conflit d’intérêt

Mots-clés : Banque islamique, Finance islamique

Mots-clés : Fraude, RBS

Mots-clés : Innovation, compte-épargne CO2, transition écologique, monétarisation, incitation

Mots-clés : huile de palme, pression sur financeurs

Mots-clés : innovation, social impact bonds

Mots-clés : publication, livre, finance solidaire, fiche de lecture

Mots-clés : finance solidaire, Maroc